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                                                                                     SCENE 1

Lyon Printemps 2024

Dans leur appartement, Monica et Gérard se détendent. Les invités sont partis. Monica est allongée sur le canapé, un verre à la main avec à ses pieds Gérard qui joue « la méditation de Thaïs » au violon. 3h du matin, on sonne. Fabrice, l'ami de toujours est planté devant la porte les mains en sang.

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Arrêt sur image et le titre du film. Délicieuse et Tragique s'affiche à l'écran.

                                                                                 SCENE 2

                    Ext- 86 quai Perrache à Lyon et Hôpital Lyon Sud au 165 chemin du Grand  Revoyet -Nuit            

 

Générique du début du film.

Plans de la ville de Lyon, on voit le musée des Confluences, la nuit à travers le pare-brise de la voiture qui  roule en direction de l’hôpital Lyon Sud.

. Le générique défile à l’écran

 

 

                                                                                 SCENE 2 bis

               Ext-Voiture  B200  sur N86 entre Le Pouzin /La Voulte et parking des Urgences Hop Valence-Nuit            

                                                                             ( se croire à Lyon)

 

  Plan dans la voiture sur Gérard au volant qui conduit Fabrice à l'hôpital. Ils arrivent aux urgences.

 Fin du générique.

 

 

                                                                                   SCENE 3

                                           Int- Centre Hospitalier 2 av Pasteur 07000 Privas- jour se lève

                                                                ( se croire à l’hôpital de Lyon sud)

 

Le jour se lève à peine. Gérard attend toujours Fabrice qui a été pris en charge par les urgences.  Son téléphone sonne, c'est Monica qui vient prendre des nouvelles.

 

 Gérard est assis et qui attend. Il somnole…  Son téléphone sonne. Il sort son téléphone de sa poche  qui affiche « Monica ». Il décroche.

 

Travelling  sur Gérard vu de dos qui marche  vers le hall, le téléphone à l’oreille .

 

Gérard

Monica !
 

SCENE 4

Int- Société Précia Molen 104 route du Pesage  07000 Veyras -Jour

 ( Se croire  dans le bureau en  open space de Monica à Lyon )

 

Dans son bureau en open space Monica est au téléphone avec Gérard pour prendre des nouvelles de Fabrice.

 

Monica

Oui, Gérard, alors, comment il va Fabrice ?

 

Gérard  voix off

Ça va pas trop mal

 

Monica

Gênée par le rire de « truie » de Philippe.

Les médecins qu’est-ce qu’ils disent ?

 

Gérard  voix off  

Il disent qu’il a pris un méchant coup sur la tête ! Il a eu cinq points de suture, mais au scanner, il n’y a aucune lésion et sa blessure à la cuisse est assez superficielle, donc rien de grave. Mais psychologiquement, il est encore sous le choc.

 

Monica

Tu m’étonnes ! Se faire agresser par deux mecs, en pleine nuit, à coups de couteau.
 

Gérard  voix off  

Ils sont en train de lui faire un pansement à la tête. Il ne devrait pas tarder à sortir. Je vais lui proposer de venir chez nous. Il vaut mieux qu’il ne reste pas tout seul, qu’est que tu en penses ?

 

Monica

De nouveau le rire de «  truie » de Philippe.

Bien sûr, il faut que je te laisse, on se retrouve ce soir. On va coucouner notre Fabrice. Je te fais des bisous, bye.

 

Gérard  voix off

Oui, bisous, à ce soir.

 

 

SCENE 5

 Int- Centre Hospitalier 2 av Pasteur 07000 Privas- jour

( se croire à l’hôpital de Lyon sud)

 

Salle d’attente de l'hôpital, Gérard remet son téléphone dans sa poche. On voit Solange qui attend l’ascenseur, un bouquet de roses à la main, mais ils ne se voient pas.

 

 

SCENE 6

Int- Centre Hospitalier 2 av Pasteur 07000 Privas- jour

( se croire à l’hôpital de Lyon sud)

 

Dans le couloir des soins palliatifs, Solange marche, un bouquet de roses à la main.

 

 

SCENE 7

Int- Centre Hospitalier 2 av Pasteur 07000 Privas- jour

( se croire à l’hôpital de Lyon sud)

 

Dans son lit, Sylvie sait qu'elle est condamnée. Elle livre ses angoisses à sa sœur Solange et lui reproche d'être dans le déni.

 

 La caméra est dans la chambre de Sylvie. On entend frapper. Solange apparaît et rentre dans la chambre avec son bouquet de roses à la main. Puis travelling sur Solange.

 

Solange

Elle ajuste un léger sourire sur ses lèvres pour se donner du courage et embrasse Sylvie sur le front.

Bonjour ma grande sœur, tu as repris des couleurs. Tu as l’air d’aller mieux .

Montrant son bouquet de roses.

Je t’ai apporté un gros bouquet de roses pour égayer un peu cette chambre.

Solange quitte sa veste et remplace les fleurs fanées qui sont dans un vase par son bouquet de roses.

Ils pourraient faire un effort au niveau de la déco. C’est un mélange de roses Colibri et de roses Céleste, elles sont magnifiques.

 

Sylvie

Amaigrie, le teint blafard, elle tourne légèrement la tête pour voir Solange et prend un ton désespéré.

Tu viens me voir tous les jeudis depuis des semaines, j’ai un cancer généralisé, je suis hospitalisée dans un service de soins palliatifs et toi, tu me dis que ça à l’air d’aller mieux !

 

Solange voix off

Elle a pris une chaise pour venir s’asseoir à côté du lit.

Il faut te battre et…

 

Sylvie

Elle regarde Solange. D’un signe de la main, elle lui coupe la parole.

Arrête, je t’en prie. Tu te réfugies dans le déni ma pauvre petite sœur. Dans le déni le plus total. Je crois, que tes visites m’auront fait plus de mal que de bien.  Alors par pitié, si un jour dans ta vie, tu es à nouveau confrontée à la même situation, promets-moi de ne pas avoir deux fois cette attitude stupide. Ce ne serait plus de la maladresse mais de la lâcheté !

 Puis elle détourne son regard vers le plafond

 

Solange

Assise au bord du lit, elle reçoit chaque mot comme une gifle. 

Tu es dure avec moi ! Que veux-tu que je fasse ? J’ai un tel sentiment d’impuissance… d’inutilité… c’est tellement injuste. 

 

Sylvie

Elle regarde Solange.

J’aurais voulu que tu m’aides à affronter et à accepter la mort qui approche, plutôt que de l’ignorer.

 

 Que tu m’aides à traverser la tempête qui a fracassé mon crâne quand j’ai appris que j’avais des métastases de partout…  C’était affreux !

Pourtant, j’ai continué à m’accrocher à la vie… J’ai encaissé la chimio…  J’avais besoin d’y croire encore, parce que tu t’aperçois que la vie, ce n’est pas si mal que ça ! 

 

Solange

Il faut continuer à te battre.

 

Sylvie

Elle fixe le plafond et fait non de la tête.

Le pire, c’est quand on m’a annoncé les derniers résultats d’analyses !  Tout s’est écroulé ; mes espoirs, mon énergie, mes envies… Ma vie est devenue un champ de ruines. J’ai compris à ce moment-là que le combat était perdu.

 

Solange

Sylvie !

 

Sylvie

 Toujours les yeux rivés au plafond.

Qu’est-ce que j’ai pleuré. Un vrai déluge… Un déluge de larmes, des larmes de désespoir… Celles que l’on verse quand on est tout seul…

Elle soupire et regarde Solange.

Voilà ce que l’on traverse, avant d’arriver face à la mort. Tu vois, c’est dans ces moments-là que l’on a besoin d’un être cher, qui t’aime et te comprend !

 

Solange

Elle tente de contrôler son émotion

Mais je suis là !

 

Sylvie

Les yeux mi-clos .

 Maintenant, je m’enfonce tout doucement, de jour en jour… Et j’ai peur ! Comme quand tu es seule dans le noir, face à l’inconnu.

Lentement, elle tourne à nouveau la tête vers Solange.

Toi, tu as choisi de rester dans la lumière avec des roses et moi je reste seule… dans le noir… avec ma peur.

 

Solange

Elle parle avec des trémolos dans la voix et prend la main de Sylvie.

Je voulais bien faire, je voulais t’aider… Te donner de l’espoir pour t’en sortir.

 

Sylvie

Je sais. Mais il faut savoir accepter le pire. Quand on sait que tout est perdu, on peut tomber le masque et se montrer nu envers ceux que l’on aime. Se lâcher… Arrêter de jouer la « commedia dell’arte ».

 

Solange

Ce n’est pas facile !

 

Sylvie

Elle regard tendrement Solange

On aurait pu se dire des choses inavouées, faire surgir des souvenirs enfouis, épiloguer sur la mort… Cette garce !Remarque, elle a du bon, elle délivre de tous les malheurs, de toutes les souffrances, de toutes les inégalités… Elle rend la justice. Elle frappe les puissants… les salauds… C’est bien.

 

Solange

En pleurs. Elle est venue se blottir contre sa sœur Sylvie, à demi allongé sur le lit, joue contre joue.   

Pardon… Je n’ai pas su être à la hauteur… Je suis nulle… Mais je veux bien essayer de…

 

Sylvie

Elle lève lentement sa main pour couper à nouveau Solange.

Non, maintenant c’est trop tard. Je n’ai ni l’envie ni la force et le temps perdu ne se rattrape pas.

 

Solange

Mais non ! Ce n’est jamais trop tard.

 

Sylvie

Le regard perdu.

Si, maintenant j’attends la mort … Parfois je pense à notre pauvre mère. J’ai l’impression de suivre le même chemin de croix… L’euthanasie reste un mot tabou… Rien n’a changé. On ne dispose toujours pas de son corps… C’est une honte.

 

Solange

Solange se répand en larmes.

Je ne peux pas accepter le pire !

 

Sylvie

Indifférente à Solange, elle tourne la tête et porte son regard vers la fenêtre.

Cela doit être plus facile de mourir quand on est croyant… Ce n’est pas faute d’avoir essayé, c’est peut-être pour ça que j’ai voulu être prof d’histoire ? Pour comprendre, j’ai lu, j’ai cherché mais je n’ai rien trouvé. Même pas un début de lueur de foi, pour me tenir un peu au chaud. Ni même une idée philosophique, pour m’aider à lutter contre le doute !

 Non, j’ai découvert 2000 ans d’histoire qui m’ont glacé le sang. Un vrai film d’horreur.

Chapeau l’artiste ! 

 

Solange

Et l’amour ? Toi-même, tu disais qu’il n’y a rien de plus beau, de plus mystérieux que d’aimer.

Elle rajoute dans un flot de sanglots.

J’ai encore besoin de toi…  Tu es ma grande sœur… Je t’aime !

 

Sylvie

Ah ! l’amour. C’est drôle, c’est la seule chose qui persiste durant la déchéance. Toutes tes facultés intellectuelles s’épuisent… Ton corps devient une épave … Mais tu gardes en toi, intact ton besoin d’amour…

 Peut-être que l’âme, c’est l’amour, c’est la même chose. Et quand tu meurs, elle se détache du corps et part pour un long et fabuleux voyage. Il ne reste que le meilleur. La mort sépare l’ivraie du bon grain.

 

Solange

Un peu apaisée.

Ce serait bien.

 

Sylvie

Elle plonge à nouveau son regard dans le petit coin de ciel bleu qu’elle entrevoit par la fenêtre.

Peut-être que le ciel regorge d’amour ? Toutes ces âmes se retrouvent dans le ciel et forment une galaxie d’amour ! Une constellation d’amour ! Un univers d’un amour infini… 

 

 Solange

Oui, ce serait merveilleux.

 

Sylvie

Ou bien, c’est le néant… Rien… Plus rien… Je vais bientôt savoir.

Sylvie quitte le ciel des yeux et regarde Solange, qui a une larme qui coule le long de sa joue.

Ça doit faire du bien de pleurer. Ça soulage… Moi je n’ai plus de larmes. Les mourants ne pleurent jamais. Tu ne t’es jamais demandé pourquoi ?

 

Solange

Elle fait signe que non de la tête. 

 

Sylvie

Dans un soupir. 

Parce que les larmes... c’est la vie !

J’ai beaucoup parlé… J’ai besoin de me reposer…

 

Solange

Elle acquiesce d’un petit mouvement de tête et embrasse tendrement  Sylvie sur la joue.

Je te laisse te reposer…

 

Plan moyen de la chambre avec Sylvie qui ferme les yeux et travelling sur Solange, qui remet sa veste et quitte la chambre sans faire de bruit

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